Anti-Scam

Par Lyès Kaci, Avocat à la Cour

Principales arnaques

Fausse société d'investissement

Une société propose des rendements impressionants mais fini par disparaitre avec les fonds ou les cryptos mises en gestion (ou fini en liquidation).


Fausse ICO (Initial Coin Offering)

Les promoteurs lancent une ICO pour lever des fonds pour un projet inexistant ou abandonné, et disparaissent une fois les fonds levés.


Fausse plateforme d’échange

Des sites web imitant des plateformes d'échange connues sont créés pour tromper les utilisateurs et voler leurs fonds.


Arnaque à l’airdrop

Les escrocs proposent des "airdrops" gratuits de tokens mais exigent d'abord une petite somme ou l'accès à des informations sensibles (comme les clés privées) pour pouvoir réclamer les tokens.

Rug Pull

Les ou les développeurs lancent un projet crypto (souvent un token, disponible à l'échange sur une plateforme décentralisée type Jupiter ou Radyium),  attirent des investisseurs, puis disparaissent soudainement en retirant toute la liquidité disponible, laissant les investisseurs avec des tokens sans valeur et non échangeables.


Pump and Dump

Des groupes coordonnés achètent massivement un token pour en faire monter artificiellement le prix, puis vendent en masse pour en tirer profit, laissant les autres investisseurs avec des pertes massives.


Token Burn Scam

Les developpeurs promettent d’augmenter la valeur d’un token en "brûlant" une partie de leurs tokens (réduction de la quantité de tokens existant), mais manipulent en réalité le marché pour leur propre profit.


Wash Trading

Les plateformes ou les traders effectuent des transactions d'achat et de vente entre eux pour gonfler artificiellement le volume d'échanges afin d'attirer d'autres investisseurs.

Exploit de Smart Contracts

Les pirates exploitent une vulnérabilité dans les contrats intelligents (smart contracts) d’un projet DeFi pour dérober des fonds.


Liquidity Mining Fraud

Les plateformes DeFi promettent des rendements élevés pour fournir de la liquidité, mais au final les fonds sont détournés par les développeurs ou les administrateurs.


Margin Trading Scam

Certaines plateformes de trading permettent un trading à marge frauduleux, avec des pratiques de liquidation forcée injustifiées ou des manipulations de cours.


Prêts en crypto (Lending) frauduleux

Des plateformes de prêt crypto offrent des rendements élevés pour les fonds déposés, mais s’avèrent être des escroqueries qui disparaissent avec les fonds des déposants.

"Pig Butchering"

Cette arnaque, souvent orchestrée par des réseaux criminels organisés, consiste à engager la victime dans une relation de confiance (souvent en ligne) avant de l’inciter à envoyer des cryptos, donner des infos personnelles ou investir dans une fausse plateforme crypto par exemple. 


Faux service d'aide à la récupération

Une personne prétend pouvoir aider les victimes d'arnaques à récupérer les fonds perdus mais agit en réalité pour soutirer elle-même des fonds ou cryptos frauduleusement (ou récupérer des données personnelles).


Arnaque à la charité 

Les escrocs créent des projets prétendument à but caritatif et sollicitent des dons en crypto, mais détournent ensuite ces fonds pour leur usage personnel.

Un pirate s'empare des clés privées d'un utilisateur, donnant accès à ses fonds cryptographiques. Cela peut être fait via du phishing, malware ou d'autres logiciels malveillants.

Comment éviter les arnaques

L'AMF propose un simulateur pour détecter les arnaques en amont.


Rien de très original mais des réflexes de bon sens peuvent aider :


  • ne jamais faire confiance à un inconnu,


  • ne jamais croire aux promesses de rendement ;


  • ne jamais investir sur un produit promu sur les réseaux sociaux ;


  • ne recourir qu'aux services de prestataires dûment enregistrés / agréés par les autorités ;


  • discuteur avec vos proches avant d'investir ;


  • etc.


Par ailleurs, l'AMF met régulièrement à jour une liste noire des sociétés et sites frauduleux (qui ne peut être exhaustive) et a mis en place une aide destinée aux victimes (lien ci-dessous vers le site de l'AMF) :

Comment déposer plainte

En général, l'arnaque pourra relever des dispositions pénales en matière d'escroquerie (art. 313) et/ou d'abus de confiance (art.314).


Toute personne peut déposer plainte auprès du commissariat de son choix (mais n'attendez pas un traitement rapide ou très efficace) ou via le service de plainte en ligne THESEE en cas d'arnaque via internet.


Dans certains cas il sera nettement plus efficace de déposer une plainte directement auprès du Procureur de la République. Cela suppose de déposer une plainte détaillée et fondée juridiquement (ce qui peut nécessiter l'assistance d'un avocat).


A noter : une section « cyber » existe au sein du parquet de Paris depuis 2014. Elle est devenue « J3 » en février 2020, au moment de la création de la JUNALCO (Juridiction Nationale de Lutte contre la Criminalité Organisée).

Le rôle de l'avocat

pour récupérer les fonds perdus

Dans certains cas, un avocat spécialisé en droit des cryptomonnaies, assisté le cas échéant d'experts en cybersécurité, peut aider les victimes d'arnaques en cryptomonnaies.


Attention : il est parfois difficile pour les victimes de pertes de distinguer un mauvais investissement d'une fraude ou escroquerie - des actions ne sont envisageables que dans ce second cas.


De plus, une action judiciaire suppose de pouvoir identifier les responsables, ce qui peut être compliqué dans certains types d'arnaques  au sein de l'univers décentralisé des cryptos (mais pas impossible dans certains cas).


En l'état de la jurisprudence, la responsabilité des intermédiaires (banques, prestataires) ne peut être reconnue qu'en cas de violation manifeste de leurs obligations contractuelles ou règlementaires.


Par ailleurs, agir (et gagner) en justice et récupérer les fonds ou crypto-actifs perdus sont deux choses bien différentes. Lorsque les cryptos ou les fonds escroqués sont localisables (par exemple dans les comptes d'une plateforme agréée) des procédures de blocage et saisie sont envisageables.


Lorsque l'escroc peut être soumis aux juridictions françaises, la mise en œuvre de sa responsabilité civile peut dans le meilleur des cas conduire à un dédommagement de la victime


Un avocat peut également jouer un rôle essentiel dans la prévention des arnaques (en analysant la conformité légale des investissements proposés, des entités impliquées et en procédant le cas échéant à l’analyse des documents contractuels).


Attention : en cas de faillite d’une plateforme, même autorisée par l’AMF, sachez que les crypto-actifs ne sont pas couverts par le système de garantie du Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR).

La responsabilité des intermédiaires

(banques, prestataires, conseils, influenceurs)

Dans certaines hypothèses, la victime pourra agir devant les juridictions civiles pour engager la responsabilité des intermédiaires.


Typiquement, cela peut correspondre à la banque à partir de laquelle les virements frauduleux ont été émis (lorsque compte tenu de leur montant ou de leur destination la banque aurait du faire preuve de vigilance).


Il est également envisageable de mettre en oeuvre la responsabilité d'un conseil en investissement qui aurait conduit  la victime à investir dans un produit frauduleux.


Les plateformes peuvent également voir leur responsabilité engagée en cas de manquement à leurs obligations contractuelles vis-à-vis du client ou en cas de manquement à leurs devoirs/obligations règlementaires (vigilance par exemple).


Enfin, le cas des crypto influenceurs malhonnêtes mérite également une attention particulière.


A noter : lorsque les intermédiaires (notamment PSAN) sont enregistrés auprès de l'AMF, une procédure interne de médiation peut être envisagée.